
La coqueluche est une maladie infectieuse de l’arbre respiratoire, potentiellement grave chez le jeune enfant. On observe actuellement une recrudescence de coqueluche du fait de la non-vaccination, pour une maladie dont la mortalité infantile est de 2 à 3 %.
Qu'est-ce que la coqueluche, quels sont ses symptômes et comment la traiter ? Le point maintenant.
Coqueluche : quèsaco ?
La coqueluche est une infection pulmonaire bactérienne. On distingue deux bactéries responsables de la coqueluche :
- Bordetella Pertussis encore appelé bacille de Bordet et Gengou, de type bacille Gram négatif.
- Bordetella Parapertussis, plus rare (5 % des cas), responsable de coqueluches bénignes mais qui peut être responsable de formes graves de coqueluche, en particulier chez les nourrissons de moins de 6 mois non vaccinés, les sujets immunodéprimés ou souffrant d’une pathologie respiratoire chronique, les nourrissons ayant des antécédents de prématurité.
La population atteinte est principalement les jeunes enfants (50 % des coqueluches concernent des enfants de moins d’1 an), les enfants à faible couverture vaccinale, puis les adultes et les personnes âgées.
La transmission interhumaine a lieu par voie aérienne, via la toux. Un malade est contagieux pendant environ 3 semaines. L’immunité naturelle, acquise après que la personne a contracté la coqueluche, n’est pas définitive. Il n’existe pas de protection immunitaire materno-fœtale.
Symptômes de la coqueluche
La période d’incubation de la coqueluche est assez longue, de 7 à 10 jours. Le diagnostic de coqueluche est avant tout clinique, des examens tels qu’une radiographie pulmonaire et une prise de sang permettent de le confirmer.
On distingue trois phases d’évolution de la coqueluche :
- La première phase ou phase d’invasion qui dure 1 à 2 semaines et se traduit par un catarrhe nasal (rhinite, éternuements), de la fièvre peu élevée, une toux spasmodique (par spasmes), émétisante (donnant la nausée), à prédominance nocturne et résistante aux antitussifs.
- La période paroxystique des quintes de toux peut être particulièrement longue, jusqu’à 4 à 6 semaines : secousses de toux à l’expiration, jusqu’à une grande inspiration bruyante mimant le « chant du coq », le plus souvent, quintes de toux nocturnes, accompagnées d’expectorations blanchâtres à la fin de la quinte, voire de vomissements.
- La convalescence, la troisième phase, peut durer plusieurs semaines. Elle est marquée par une amélioration de l’état général (reprise de poids) et une toux quinteuse résiduelle qui s’estompera avec le temps.
Bon à savoir : la coqueluche sévère peut provoquer jusqu’à une cinquantaine de quintes de toux par jour.
La coqueluche peut se compliquer d’une détresse respiratoire (visage cyanosé après une quinte de toux, difficulté respiratoire…) chez les jeunes enfants et les personnes âgées. Il est très important de consulter un médecin en cas de suspicion de coqueluche.
Coqueluche : quelle prise en charge ?
Le traitement curatif de la coqueluche repose sur la prise d’un antibiotique. Le traitement préventif par vaccination est disponible en France depuis le début des années 60.
Traitement curatif de la coqueluche
Le traitement curatif de la coqueluche repose sur une antibiothérapie (). Il est parfois nécessaire d’avoir recours à une hospitalisation :
- Tout enfant de moins de 3 mois est systématiquement hospitalisé en cas de coqueluche. Au-delà de cet âge, c’est l’état de la fonction respiratoire qui permettra de décider.
- L’isolement en chambre individuelle est requis pendant toute la phase de contagion, en hospitalisation comme à domicile.
- Les antibiotiques recommandés sont l’azithromycine ou clarithromycine, de la famille des macrolides, à dose/poids, pour une durée de 14 jours.
Bon à savoir : en cas d’allergie ou de contre-indications, d’autres antibiotiques sont disponibles comme le cotrimoxazole. Par ailleurs l’Agence européenne des médicaments (EMA) a approuvé Recarbrio® pour le traitement des infections dues à des organismes aérobies à Gram négatif chez des adultes disposant d’options thérapeutiques limitées.
Pour les cas graves ou dont la fonction respiratoire est diminuée, le médecin évaluera la nécessité de la kinésithérapie respiratoire, d’une oxygénothérapie, corticothérapie et autres mesures associées.
Bon à savoir : les antitussifs n’ont pas montré scientifiquement leur efficacité pour la toux de la coqueluche.
Certaines mesures doivent être prises concernant l’entourage :
- éviction scolaire et professionnelle des cas suspectés ou confirmés de coqueluche (en milieu scolaire, exclure les cas suspects tant que le diagnostic n'aura pas été infirmé et, s’il est confirmé, tant que le malade n’aura pas reçu 3 ou 5 jours de traitement antibiotique) ;
- les membres de la famille d'un cas confirmé qui sont symptomatiques (toux) doivent éviter l'accès à la collectivité tant qu’ils n'auront pas été traités par 3 ou 5 jours d’antibiotiques ;
- dans une collectivité, si plus de deux cas de coqueluche, déclaration obligatoire au médecin inspecteur de santé publique du département ;
- antibioprophylaxie : traitement identique au traitement curatif mais pour une durée de 10 jours seulement, pour tous les sujets contacts (en contact avec le malade) ainsi que pour toute personne n’ayant pas reçu les 4 premières injections.
Traitement préventif chez l'enfant
La vaccination contre la coqueluche est requise dès les premiers mois de vie.
- Le vaccin de la coqueluche est un vaccin acellulaire atténué combiné à d'autres valences : diphtérie/tétanos/poliomyélite (DTP)/coqueluche avec +/- H. Influenzae/hépatite B.
- Le schéma vaccinal (injection intramusculaire) est le suivant : 2 mois, 4 mois, et rappels à 11 mois et à 6 ans (avec un vaccin à doses entières d’anatoxine diphtérique et d’antigènes coquelucheux : DTCaPolio) puis entre 11 et 13 ans puis à 25 ans.
Bon à savoir : le décret n° 2019-112 du 18 février 2019 élargit les missions des services universitaires de médecine préventive et de promotion de la santé. Ces services peuvent désormais assurer pour les étudiants la prescription et la réalisation de vaccinations dans le respect du calendrier des vaccinations en vigueur (article D. 714-21 du Code de l'éducation).
Il est important de tenir à jour son carnet de vaccination au sein du carnet de santé, indispensable pour le suivi médical et pour les voyages.
Pour les enfants nés à partir du 1er janvier 2018, le vaccin contre la coqueluche, tout comme les vaccins qui lui sont combinés (H. Influenzae, Hépatite B, et DTP) sont obligatoires chez les nourrissons. Il en va de même pour les vaccins contre la rougeole, les oreillons, la rubéole (ROR), le pneumocoque et le méningocoque C.
Aucune sanction n'est prévue pour les parents d'un enfant non-vacciné, mais celui-ci ne sera pas admis en collectivité. Le maintien de l'enfant en collectivité est en effet subordonné à la justification chaque année de la réalisation des vaccinations obligatoires (décret n° 2019-137 du 26 février 2019, venu compléter l'article R. 3111-8 du Code de la santé publique). De plus, le non-respect des obligations vaccinales par les parents est un motif de démission légitime pour les assistants maternels, c’est-à-dire ouvrant droit aux allocations chômage (décret n° 2019-797 du 26 juillet 2019).
Tous ces vaccins sont pris en charge à 65 % par la Sécurité sociale (excepté le ROR qui est remboursé à 100 %) et à 35 % par les mutuelles. La gratuité est appliquée dans les centres de vaccination pour les personnes sans mutuelle.
Bon à savoir : une personne refusant la vaccination présente un risque individuel et collectif de contamination ; de plus, leurs enfants pourront se voir refuser l'accès à la crèche, l'école ou encore au centre de loisirs/vacances.
Les professionnels habilités à pratiquer le vaccin contre la coqueluche sont :
- les médecins ;
- les infirmiers pour les personnes de 16 ans et plus pour lesquelles cette vaccination est recommandée dans le calendrier des vaccinations en vigueur, depuis le 24 avril 2022 sans prescription médicale préalable de l'acte d'injection (décret n° 2022-610 du 21 avril 2022) ;
- les sages-femmes, qui peuvent prescrire et administrer le vaccin aux femmes pour lesquelles il est recommandé, aux nouveau-nés, et aux personnes de l'entourage de l'enfant ou de la femme enceinte pour lesquelles il est recommandé (décret n° 622-611 du 21 avril 2022) ;
- les pharmaciens, pour les personnes de 16 ans et plus pour lesquelles cette vaccination est recommandée dans le calendrier des vaccinations en vigueur (loi n° 2018-1203 du 22 décembre 2018 de financement de la sécurité sociale pour 2019).
Traitement préventif chez l'adulte
La vaccination contre la coqueluche est également recommandée dans le cadre de la stratégie dite du « cocooning » dont l’objectif est de protéger les nourrissons de moins de 6 mois d’une coqueluche pouvant être transmise par un membre de leur entourage. Cette stratégie se définit comme la vaccination des personnes susceptibles d’être en contact étroit avec le nourrisson au cours des six premiers mois.
Cette vaccination est notamment proposée :
- aux adultes ayant un projet parental ;
- dans l’entourage d’une femme enceinte :
- aux enfants de la fratrie et au conjoint,
- aux personnes susceptibles d’être en contact étroit et durable avec le futur nourrisson (il peut par exemple s'agir des grands-parents, de baby-sitters...) ;
- tout de suite après l'accouchement :
- pour la mère (à vacciner avant la sortie de la maternité, même si elle allaite),
- pour les personnes susceptibles d’être en contact étroit et durable avec le futur nourrisson au cours de ses 6 premiers mois si la vaccination n’est pas à jour.
- Depuis 2022, la vaccination contre la coqueluche chez la femme enceinte est recommandée à partir du deuxième trimestre de grossesse, en privilégiant la période entre 20 et 36 semaines d’aménorrhée, afin d’augmenter le transfert transplacentaire passif des anticorps maternels et d’assurer une protection optimale du nouveau-né. Ce vaccin contre la coqueluche diminuerait de 93 % la mortalité néonatale et maternelle.
Chez les professionnels, la vaccination est recommandée chez :
- les personnes travaillant en contact étroit et répété avec les nourrissons âgés de moins de 6 mois (maternité, service de néonatalogie et de pédiatrie) ;
- les professionnels soignants dans leur ensemble, y compris dans les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) ;
- les étudiants des filières médicales et paramédicales ;
- les professionnels de la petite enfance dont les assistants maternels.
Concrètement la vaccination peut s'effectuer comme suit :
- les personnes non antérieurement vaccinées contre la coqueluche reçoivent une dose de vaccin dTcaPolio (en respectant un délai minimal d’un mois par rapport au dernier vaccin dTPolio) ;
- pour les personnes antérieurement vaccinées :
- les adolescents et les moins de 25 ans reçoivent une dose de rappel si leur dernière injection date de plus de 5 ans,
- les adultes de plus de 25 ans reçoivent une dose de rappel de vaccin dTcaPolio si la vaccination coquelucheuse remonte à 10 ans ou plus (avec un rattrapage possible jusqu'à 39 ans).
Dans tous les cas, un délai minimal de 1 mois doit être respecté par rapport au dernier vaccin dTPolio.
Source : calendrier vaccinal 2020.
Efficacité du vaccin contre la coqueluche
Il a été prouvé que le vaccin acellulaire utilisé en France (et au Canada) depuis les années 2000 entraîne 2,2 fois plus de risques de se faire infecter qu’avec les anciens vaccins (dits à germes entiers). Néanmoins, aucun retour en arrière n’est envisagé, puisque les pays qui utilisent encore le vaccin à germes entiers l’abandonnent progressivement, l’industrie les incitant à passer au vaccin acellulaire.
Par ailleurs, si on constate une recrudescence des cas de coqueluche dans le monde, cela ne s’explique pas uniquement par la diminution de la couverture vaccinale. En effet, l’efficacité du vaccin dans le temps est également remise en cause. Si le vaccin est efficace à 84 % dans les trois ans qui suivent l’injection, son efficacité n’est plus que de 62 % au bout de quatre à sept ans et de 41 % à partir de huit ans (protection jugée « pauvre voire nulle » par les chercheurs).
De plus, l’immunité induite par la vaccination coqueluche (contre le germe B.pertussis) ne protège pas complètement ni efficacement contre les infections à B.parapertussis (source : avis relatif à la conduite à tenir autour d’un ou plusieurs cas de coqueluche. Haut Conseil de la santé publique, 18 novembre 2022).
En revanche, une personne ayant été malade est naturellement immunisée pour une dizaine d'années. De ce fait, il est inutile de revacciner les personnes éligibles à la vaccination moins de 10 ans après une coqueluche documentée.
Contre-indication au vaccin contre la coqueluche
Certains enfants présentent une contre-indication au vaccin contre la coqueluche dans la mesure où ils ont :
- soit présenté une encéphalopathie d’étiologie inconnue dans les 7 jours suivant une vaccination par un vaccin contenant la valence coquelucheuse ;
- soit présenté des troubles neurologiques non contrôlés ou une épilepsie non contrôlée avant qu’un traitement n’ait été mis en place.
Comme tous les vaccins obligatoires sont combinés, il n'est pas possible d'obtenir un vaccin sans la valence coqueluche. Pour ces enfants, s'ils ont entre 6 mois et 6 ans, il est maintenant possible d'obtenir le vaccin Diphtérique et Tétanique (DT) adsorbé.
Pour obtenir ce vaccin, le médecin prescripteur doit en faire la demande en remplissant un formulaire spécifique qui sera transmis au laboratoire Sanofi Pasteur Europe selon les modalités pratiques décrites dans le document. Le vaccin DT adsorbé est ensuite livré à la pharmacie indiquée sur le formulaire.
Bon à savoir : les enfants nés avant le 1er janvier 2018, pour lesquels seule la vaccination diphtérie, tétanos et poliomyélite est exigée, pouvaient eux aussi bénéficier du vaccin diphtérique et tétanique adsorbé en accord avec les Autorités de Santé s'ils ont déjà initié un schéma de vaccination par le vaccin DT adsorbé ou s'ils étaient nés au cours du dernier trimestre 2017.