Le BCG, pour « Bilié de Calmette et Guérin » est le vaccin destiné à protéger de la tuberculose. Obligatoire jusqu'à l'été 2007, il est maintenant, en France, fortement recommandé dans certains cas particuliers.
Rappelons qu'à l'origine vaccin BCG signifie « vaccin bilié de Calmette et Guérin » car la souche bactérienne a été obtenu par passage sur un milieu bilié. Cependant, beaucoup traduisent par Bacille de Calmette et Guérin. Nous faisons le point.
Historique du vaccin BCG
La mise au point du vaccin contre le bacille de Koch, responsable de la tuberculose a été longue et complexe. Elle débute à la fin du XIXème siècle avec des inoculations aux résultats désastreux de Mycobacterium bovis (agent de tuberculose bovine).
Les recherches françaises à proprement dites débutent en 1900. Après de nombreuses étapes et pistes plus ou moins prometteuses, Albert Calmette et Camille Guérin mettent au point un vaccin humain qui sera essayé pour la première fois en 1921.
La vaccination commence, en France, en 1924 et se développe assez doucement. D'autres pays d'Europe (Scandinavie) voient la vaccination se généraliser plus facilement. Le développement prend vraiment son essor après la 2nde guerre mondiale, en dehors des États-Unis, de la Grande-Bretagne et des Pays-Bas.
La vaccination est rendue obligatoire en France en 1950. Elle intègre le programme de vaccination de l'UNICEF en 1974. En 1997, l'Organisation Mondiale de la Santé fait état d'une « confiance exagérée » dans le BCG. Actuellement, dans de nombreux pays occidentaux, comme la France depuis 2007, le BCG n'est plus systématique mais ciblé sur des « populations à risques ». Cependant, le BCG fait, bien sûr, toujours l'objet de ré-évaluations et d'études.
Zoom sur le vaccin BCG proprement dit
Disponible depuis le 03 juin 2019, le BCG AJVaccines® est le seul vaccin contre la tuberculose actuellement commercialisé en France. Il est pour le moment réservé aux collectivités publiques.
Mode d'action et administration du vaccin BCG
Le BCG est un vaccin dont l'efficacité est basée sur le principe de l'immunité de surinfection. On injecte un germe vivant atténué.
Pour être efficace, il doit rester vivant dans l'organisme. Le plus souvent, il reste « dans » un ganglion lymphatique. Mais ce mode de vaccination peut également entraîner des échecs : le vaccin « meurt » et l'organisme n'est plus protégé. Il faut alors re-vacciner.
Le BCG est administré par voie intradermique. Le plus souvent dans la région deltoïdienne du bras (les injections dans la fesse sont à proscrire).
À noter : sous sa forme fraîche, le vaccin est très fragile car il est sensible à la chaleur et à la lumière.
Les doses recommandées sont : 0,05 ml de vaccin reconstitué pour les nourrissons de moins de 12 mois et de 0,1 ml de vaccin reconstitué au-delà de 12 mois.
Vaccin BCG : contre-indications et effets indésirables
Le vaccin du BCG est contre-indiqué pour :
- Les personnes immuno-déprimées (traitements par corticoïdes ou autres immuno-suppresseurs, personnes atteintes du VIH).
- Les personnes atteintes d'affections malignes.
- Les personnes atteintes d'une maladie de peau sur le point d'injection.
- Les personnes traitées par anti-tuberculeux.
- Les femmes enceintes (dans ce cas précis, une surveillance accrue pendant la grossesse sera mise en place et le nourrisson sera à vacciner dès sa naissance).
À noter : l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) appelle à différer à un an la vaccination par des vaccins vivants atténués des nouveau-nés si leur mère a été traitée par infliximab (anti-inflammatoire indiqué chez l’adulte pour le traitement de plusieurs maladies auto-immunes telles que la polyarthrite rhumatoïde, la maladie de Crohn ou le psoriasis) au cours de la grossesse ou de l’allaitement.
On parle souvent d'effets indésirables lors de la vaccination BCG. Ils varient selon la souche du vaccin, la dose et l'âge de la personne vaccinée.
On remarque plus d'effets indésirables chez les plus jeunes. Ils sont le plus souvent bénins :
- érythème (rougeur), papule ou ulcération au point d'injection ;
- ulcération cutanée persistante ;
- adénite inflammatoire (inflammation des ganglions) ;
- formation de cicatrices chéloïdes (cicatrices qui s’épaississent et deviennent dures) ;
- pour les personnes présentant un déficit immunitaire : une bécégite disséminée, complication grave voire mortelle.
Efficacité du vaccin BCG
Elle est souvent au cœur des ré-évaluations et a donné lieu à de nombreuses études diligentées notamment par l'OMS.
Il apparaît plusieurs points :
- Le vaccin n'a pas d'efficacité sur la transmission de la maladie et ne diminue donc pas la circulation du bacille.
- Le vaccin protège surtout l'enfant contre les formes graves et mortelles de la maladie : méningites et la tuberculose militaire. Le taux de protection est de 75 à 85 %.
- Le taux de protection est de moins de 50 % chez l'adulte et le vaccin n'a aucune action préventive sur les formes de tuberculoses pulmonaires adultes.
Vaccin BCG : pour qui ?
Suite à ces différentes études épidémiologiques et de nombreux débats au sein des hautes instances médicales, les recommandations mondiales ont évolué.
En France, le BCG n'est plus obligatoire depuis l'été 2007. Il est fortement recommandé pour les enfants à risque élevé de tuberculose, c'est-à-dire :
- les enfants nés dans un pays de forte endémie tuberculeuse ;
- les enfants dont au moins l'un des parents est originaire d'un de ces pays ;
- les enfants devant séjourner au moins un mois sans interruption dans l'un de ces pays ;
- les enfants ayant des antécédents familiaux de tuberculose ;
- les enfants jugés par les médecins à risque d'exposition au bacille tuberculeux ;
- les enfants résidant en Île-de-France ou en Guyane.
Compte tenu de l'évolution de la situation épidémiologique et des connaissances médicales et scientifiques, le décret n° 2019-149 du 27 février 2019 suspend à compter du 1er avril 2019 l'obligation vaccinale par le BCG pour certaines activités et professions, comme les étudiants en médecine, chirurgie dentaire et pharmacie, les étudiants sages-femmes, les aide-soignants et infirmiers, les personnes exerçant une activité dans les établissements accueillant des enfants de moins de 6 ans, les assistantes maternelles, les sapeurs-pompiers, etc. C'est le médecin du travail qui évalue, au cas par cas, la nécessité ou non de se faire vacciner.
Le calendrier vaccinal 2020 recommande de faire le BCG au cours du 2e mois suivant la naissance, à l’exception des nouveau-nés de Guyane et de Mayotte, pour lesquels la vaccination est recommandée à partir de l'âge de 1 mois. En effet, l'incidence de la tuberculose est particulièrement élevée dans ces deux départements d'Outre-mer avec respectivement 25,7 cas sur 100 000 et 10/100 000 (contre une moyenne française de 7,6/100 000).
Bon à savoir : la vaccination doit être réalisée dans ces différents cas. Si elle est réalisée à la naissance ou durant le premier mois de vie, il n'y a pas d'obligation de faire une intradermoréaction à la tuberculine au préalable. Si elle est réalisée plus tard (jusqu'à 15 ans), il faudra réaliser une intradermoréaction afin de rechercher une infection liée à une contamination après la naissance.
Les sages-femmes sont autorisées à prescrire et à pratiquer le BCG chez les nouveau-nés pour lesquels il est recommandé dans le calendrier des vaccinations en vigueur (arrêté du 1er mars 2022).
Rappels sur les zones géographiques mondiales à forte incidence tuberculeuse
Ces pays sont :
- L'Afrique (en particulier subsaharienne, qui concentre à elle seule 30 % des cas de tuberculose dans le monde).
- L'Asie, y compris les pays du Proche et du Moyen-Orient.
- Les pays d'Amérique Centrale et du Sud.
- Les pays d'Europe Centrale et de l'Est.
- Dans l'Union Européenne : la Bulgarie, l'Estonie, la Hongrie, la Lettonie, la Lituanie, la Pologne, le Portugal, la Roumanie.
On utilise aussi le BCG pour :
- la protection contre les mycobactéries atypiques ;
- depuis 1976 : des instillations intravésicales de BCG sont utilisées curativement dans le cancer de la vessie.
La tuberculose est une maladie infectieuse meurtrière avec plus de 2 millions de morts chaque année. En France, les nouveaux cas s'élèvent chaque année à 5 500 avec environ 700 décès. Par ailleurs, le nombre de cas augmente sensiblement avec une incidence de 7,6 cas/100 000 habitants en 2019, alors qu'on en comptait 7,1/100 000 en 2015.
C'est pourquoi, même si la vaccination n'est plus obligatoire, il n'en est pas de même de la lutte contre la tuberculose qui passe notamment par une surveillance accrue et le suivi de protocoles précis tels que des radiographies pulmonaires en cas de doute.
Le vaccin BCG fait partie de la liste des médicaments essentiels de l'OMS.
Pour approfondir le sujet :